Rencontre avec Le Yack : L'artiste peintre polymorphe qui réinvente les codes, du Street Art au Néo-réalisme.

Dans le paysage foisonnant de l'art actuel, certains parcours captivent par leur richesse et leur refus des étiquettes. Alexandre, qui signe ses œuvres sous le nom d'artiste peintre Le Yack (ou souvent stylisé Leyack), est de ceux-là.

Loin de l’image d’Épinal de l’artiste néophyte, Le Yack possède un bagage visuel impressionnant. Ancien directeur artistique dans l’édition pendant près de trente ans, graphiste, illustrateur et vidéaste, il maîtrise la grammaire de l’image sur le bout des doigts. Mais c’est aussi un diplômé des Beaux-Arts, fort d'une culture de l'art classique approfondie. C’est cette dualité qui fait sa force : une base académique solide mise au service d'une curiosité insatiable et d'une envie permanente d'expérimenter.

Nous l'avons rencontré pour comprendre comment ce touche-à-tout expérimenté revisite les classiques pour créer quelque chose de résolument nouveau, et pour parler de son nouveau projet, l'Atelier Joconde.

L'INTERVIEW

Question : Commençons par l'identité visuelle sonore de votre nom d'artiste. D’où vient ce pseudonyme intrigant, “Le Yack” ?

Alexandre (Le Yack) : C'est une histoire qui ancre mon travail actuel dans mes vies antérieures. Ce nom ne sort pas d'un chapeau, il remonte à l’époque où je faisais beaucoup de reportage vidéo sur le terrain.

J’utilisais une caméra équipée d'un micro avec une grosse bonnette en poils synthétiques pour couper le vent. Visuellement, cet accessoire me faisait penser à un yack ! C’est d'abord devenu une sorte de "private joke", un surnom sur les tournages, et c'est resté. Quand je suis revenu sérieusement à la peinture, c'était une façon amusante, naturelle et un peu décalée de trouver un nom qui me représente, qui fasse le pont entre mon passé de technicien de l'image et mon présent d'artiste.

Question : Vous n'êtes pas un "jeune premier" dans le monde de l'image. Comment passe-t-on de 30 ans de direction artistique et de vidéo à l'atelier de peinture ?

Le Yack : Le passage n'a pas été une rupture, mais plutôt une reconnexion. J'ai effectivement travaillé une très grosse partie de ma vie dans l'édition comme directeur artistique. J'y ai aiguisé mon œil pour la composition, la typographie, l'impact visuel. J'ai aussi cette casquette de graphiste, d'illustrateur... Je suis un touche-à-tout, mais avec des bases très solides.

Je suis diplômé des Beaux-Arts. Je connais mes classiques, la technique, l'histoire de l'art. Cette culture approfondie est mon socle. Pendant longtemps, elle a nourri mon travail de commande.

Le déclic pour le retour à la création pure s'est fait, comme pour beaucoup, à l'époque du Covid. Le temps s'est suspendu. J'ai rouvert mes vieux cartons d'étudiant des Beaux-Arts, remplis de croquis de l'époque. L'envie de tout reprendre, de remettre les mains dans la matière, a été viscérale.

Question : Votre première exposition était très marquée "Street Art". Aujourd'hui, votre travail semble évoluer. Comment définissez-vous votre style actuel ?

Le Yack : Je suis un expérimentateur né. Avec mon bagage technique, je ne veux surtout pas m'enfermer dans une case.

J'ai effectivement recommencé avec un style purement Street Art et Pop Art lors de ma première exposition à l'Empreinte Galerie d'Orléans. J'aime profondément ce mélange des genres, cette culture graphique immédiate, percutante. C'est mon côté directeur artistique qui parle : l'efficacité de l'image.

Mais avec le temps, mon travail évolue naturellement vers un style plus néo-réaliste, plus introspectif, peut-être plus "peinture" au sens noble du terme. Je cherche à repartir des classiques, des bases académiques que je maîtrise, pour essayer d'en faire quelque chose de nouveau, de contemporain.

Aujourd'hui, mon cœur balance entre ces univers. Je ne veux pas choisir entre l'énergie du graphisme urbain et la profondeur du réalisme. Je suis un artiste peintre hybride, et je revendique cette curiosité qui me pousse à remettre constamment mon travail en question.

Question : Vous lancez une nouvelle plateforme, "Atelier Joconde". Quelle est l'intention derrière ce projet ?

Le Yack : L'Atelier Joconde, c'est la volonté de créer un lien direct avec ceux qui apprécient mon travail, en parallèle du circuit des galeries.

C'est un site où je vais proposer mes créations en vente directe, principalement sous forme de digigraphies sur toile. La digigraphie est un procédé d'impression numérique de très haute qualité, certifié, qui permet de reproduire mes œuvres avec une fidélité incroyable sur un support noble. Cela me permet de rendre mon art plus accessible, tout en contrôlant parfaitement la qualité du rendu final. C'est une nouvelle étape excitante dans mon parcours.

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